au Petit Saint Martin, vendredi 18 novembre 2022
Encore une pièce bien émouvante de Jean-Luc Lagarce interprétée par l'indispensable Catherine Hiegel.
Meneuse de revue sur le retour, moulée dans un magnifique fourreau noir et maquillée de noir et de paillettes, Catherine Hiegel au corps svelte est cette fois-ci, tour à tour drôle, même sarcastique ou désabusée jusqu'à la tristesse.
Elle est accompagnée de deux "boys" à l'allure inouie, eux aussi maquillés à l'extrême.
Le trio se rappelle les bons moments de gloire et pendant que la "girl" nous raconte les déboires infligés par les "goguenards"ou patrons de salle et producteurs, les boys continuent leurs numéros chantés sans grand espoir. Les deux acteurs sont extraordinaires.
N'oublions pas le tabouret, ustensile indispensable pour la girl qu'elle a elle-même payé!
Quelle triste histoire que celle des artistes qui perdent peu à peu leur éclat et doivent se contenter de salles minables avec parfois aucun spectateur.
Un texte admirable encore de Jean-Luc Lagarce dans lequel l'auteur cherche le mot juste pour faire rire ou faire pleurer.
Si vous le voulez, je vous emmène voir cette pièce en janvier.
Annick
PS: cette pièce écrite dans les années 80 a été créée 30 fois déjà, un bijou
Voici le commentaire d'Elisabeth Hannart:
Merci de cet après-midi théâtral. Catherine Hiegel émouvante et toujours d’une intense présence. Et ses acolytes (Raoul Fernandez, Pascal Ternisien) d’un excellent jeu aussi. J’ai été un peu plus déçue par la mise en scène que j’ai trouvée moins sobre et efficace (peut être un peu trop présent ce jeu de rideaux…) que pour les Règles du savoir vivre. Un peu sur ma faim aussi sur le texte. Malgré un début enlevé, fort bien campé avec le jeu de Hiegel autour de son tabouret (compagnon légitime et indispensable accessoire qui pose et fait l’artiste…), malgré une belle tirade finale, pleine d’émotion et de réalisme, -sur le destin du saltimbanque itinérant, les affres et douleurs d’une vie de Music hall-, le thème tourne peut-être un peu court.
Il faut dire que Les règles du savoir vivre dans la société moderne (vu en décembre dans le même théâtre et du même auteur) avait mis la barre très haut… avec un sujet fort et universel : une réflexion sur l’homme de la naissance à la mort, à travers la lecture des usages du vivre ensemble et des codes qui régissent l’existence. L’ensemble me donne néanmoins envie de voir ou de lire d’autres textes de Jean-Luc Lagarce. En deux spectacles, on voit se dessiner une forme d’écriture et de réflexion salutaire sur le destin humain.