Avec Passeport, Alexis Michalik signe une nouvelle œuvre, à la fois humaine, politique et profondément théâtrale. Dès les premières minutes, on a l’impression d’être happé dans une salle de cinéma : le rythme est haletant, les scènes s’enchaînent avec fluidité, portées par une mise en scène inventive et une troupe d’acteurs d’une énergie rare.
Le texte, dense et ciselé, regorge de rebondissements. Michalik maîtrise l’art du récit choral : chaque personnage, même secondaire, trouve sa place dans l’histoire, avec une trajectoire propre et touchante. La pièce suit le parcours d’Issa, un jeune Érythréen retrouvé inconscient dans la jungle de Calais. Amnésique, il n’a pour seul indice de son identité qu’un passeport. Ce document devient le point de départ d’un long périple à travers les méandres de l’administration, de l’exil, de la mémoire et de l’humanité.
Quelques accessoires suffisent à évoquer un camp de réfugiés ou un bureau de préfecture. Les changements de lieux sont rapides, presque cinématographiques, renforçant la sensation d’urgence du récit. La musique, les jeux de lumière et le travail sonore participent à cette atmosphère tendue, parfois poignante, parfois lumineuse.
Ce qui frappe surtout, c’est la capacité des comédiens à endosser plusieurs rôles avec une aisance déconcertante. la pièce évoque sans didactisme des sujets brûlants d’actualité — la migration, l’identité, la solidarité — tout en conservant une dimension profondément humaine.