Après R.A.G.E., la compagnie Les anges au plafond a enchanté le public une fois encore avec cette adaptation du roman Chien blanc de Romain Gary.
L’histoire commence à Los Angeles en 1968 où le couple Jean Seberg et Romain Gary recueille un beau chien blanc, visiblement abandonné, et qui se montre d’emblée très affectueux envers eux. Le chien est appelé Batka ce qui en russe signifie petit père. Romain Gary écrit alors son roman Chien blanc en direct.
Mais le doux toutou va se montrer agressif envers les personnes de couleur et la décision sera prise de le dresser en sens inverse. S’il a appris la haine, il doit pouvoir la désapprendre par un dressage approprié.
Sauf que maintenant le chien a peur des noirs. Ne devient-il pas un danger pour l’homme blanc ?
Le sort de Batka trouble et émeut car le chien est plus victime que coupable de la folie des hommes.
Cette fiction s’inscrit sur des faits historiques notamment la marche de Selma à Montgomery et sa sanglante répression, le discours de Martin Luther King (I have a dream) mais aussi le rappel de l’engagement de Jean Seberg dès son plus jeune âge pour la défense des droits des noirs aux USA.
Le décor en papier vole et se déchire, les marionnettes s’animent et représentent Romain Gary, Jean Seberg, l’homme de couleur et bien sûr le chien ; un musicien à la batterie joue et chante et un technicien fait tourner le plateau central sur la scène à la manivelle sans se cacher.
Le jeu des comédiens (Brice Berthoud et Tadié Tuéné) associé à la manipulation des marionnettes à taille humaine mais aussi aux changements de voix et aboiements du chien selon son humeur, s’inscrit dans un décor de papier parfois éphémère d’ombres et de lumières.
La narration est fluide, poétique, parfois drôle et laisse les spectateurs devant un abyme de réflexions. Si la haine s’apprend vite, long est le chemin vers plus d’humanité. Comment se sortir du racisme ?
Somptueux !
La compagnie reviendra la saison prochaine avec un autre spectacle…