Cette version de Thomas Ostermeier est très différente de celle que nous avions vue au théâtre de la porte Saint-Martin avec Jacques Weber. Sur le fond, l'histoire est la même : le roi décide de séparer son royaume en trois pour en faire don à ses trois filles à condition que celles-ci lui donnent leur amour exclusif. Seule la troisième, en accord avec elle-même, ne le lui accordera pas et, sera donc écartée du pouvoir. On assiste alors à la descente aux enfers de ce roi qui cherche refuge chez ses deux filles héritières du pouvoir. Parallèlement, un fidèle du roi, Gloucester, voit son fils illégitime ravir la place du frère légitime et celle de son père...
Ce que j'ai le plus apprécié dans cette version:
- le décor de lande avec les effets de brouillard et la sobriété du château des filles héritières (un cadre de lumière)
- le rôle d'héritières à part entière des femmes (sans faire intervenir leur mari),
- la mise en scène de la tempête qui se joue dans la tête du roi : images psychédéliques, trompettes,
- le rôle de fou du roi de Stéphane Varupenne,
- la mise en scène délirante du fils légitime déchu de Gloucester pour se protéger de ce qui lui arrive.
Bref, nous avons passé un très bon moment!
En effet cette version de Thomas Ostermeier emploie moins de personnages que celle avec Jacques Weber.
Elle a l'avantage d'être très "shakespearienne"par sa scénographie. Nous fumes transportés dans la lande et le brouillard, puis dans de nombreux complots.
Edmond joué par Christophe Montenez, le fils illégitime de Gloucester, nous fait bien sourire même rire lorsqu'il s'adresse au public lors de l'éclipse en énumérant les signes astrologiques. Nous passons de Shakespeare à notre époque et ce n'est pas déplaisant de se trouver interpellé dans une salle de théâtre.
Autre aspect de notre époque: Regan et Goneril, les deux filles du roi qui se partagent le Royaume et le Roi doivent prendre elles-mêmes leurs décisions et responsabilités, droits de la Femme!.
La traduction ou plutôt adaptation de la pièce est très moderne par sa syntaxe et son vocabulaire.
Qu'importe! Ce spectacle "adapté" est très plaisant et malgré sa durée, presque trois heures sans entracte, on se laisse emmener par la légende du roi Lear. Eternel Shakespeare et bravo à tous les acteurs.
Annick S